En campagne électorale l’Afrique du Sud se divise sur l’envoi de militaires dans l’est du Congo. La mort de deux soldats sud-africains a sonné l’offensive de l’opposition.
Trente ans plus tard, le 29 mai prochain, les électeurs sud-africains sont appelés aux urnes pour des législatives nationales et locales. Les derniers sondages, unanimes, promettent à l’ANC de descendre sous la barre des 50 %, voire des 45 %. Un chiffre qui confirmerait la tendance observée lors des élections locales de 2021, quand l’ANC n’avait obtenu que 46 % des voix au niveau national.
Ramaphosa peine à rassurer
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, candidat à un nouveau mandat au nom de l’ANC, devrait rempiler, quitte à s’engager dans une coalition inédite avec une petite formation qui ferait l’appoint de voix. À trois mois du scrutin, la campagne est lancée. Les principaux adversaires n’ont pas attendu pour décocher leurs premières flèches en direction du parti au pouvoir. Le président Ramaphosa et l’establishment de l’ANC ont voulu leur répondre ce week-end par une grand-messe politique dans un stade de Durban. Plus de 65 000 personnes étaient massées dans les travées de l’enceinte. Face à eux, Ramaphosa a décliné son programme qui vise à “rendre la confiance” aux Sud-Africains et à créer 3,5 millions d’emplois lors de la prochaine mandature.
Une réponse à la principale inquiétude des électeurs mais un discours qui peine à convaincre. Personne n’a oublié qu’en 2019, lors du précédent scrutin, le même Ramaphosa avait déjà promis de créer 275 000 emplois par an. Or, pendant son mandat, le taux de chômage est passé de 29 % à 31,9 % dans un climat de morosité générale, avec une croissance moyenne de 0,8 % depuis 2012. Insuffisante pour absorber les nouveaux demandeurs d’emploi. Le discours du candidat de l’ANC n’a d’ailleurs rien de rassurant, lui qui évoque surtout la création d’emplois dans les services publics comme une démonstration de son incapacité à redynamiser un tissu industriel bien dégradé, et terriblement affaibli par les innombrables pannes d’électricité qui ont rythmé le quotidien de millions de Sud-Africains et de tous les outils de production.
Gare à la mine congolaise
Dans ce contexte chahuté, le président sud-africain doit aussi faire face ces dernières semaines à un torrent de critiques sur son initiative d’envoyer 2 900 soldats en République démocratique du Congo dans le cadre d’une mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC en anglais). Une critique qui s’est déchaînée après le retour des dépouilles de deux militaires sud-africains tués mi-février près de Saké au Nord-Kivu.
Julius Malema, ancien patron de la jeunesse de l’ANC, éjecté du parti pour ses positions trop radicales, notamment contre les blancs, devenu chef du parti de l’Economic Freedom Fighters (EFF), situé à l’extrême gauche, a incendié ses anciens compagnons. Pour lui, aucun doute, les troupes sud-africaines doivent se retirer immédiatement de la RDC. “Notre armée ne peut même pas surveiller des choux, ils ne serviraient à rien dans ma ferme. Nous n’avons pas les capacités, l’ANC a détruit l’armée.”
À l’autre bout de l’échiquier politique, l’Alliance démocratique (DA), principal challenger de l’ANC, accuse le président Ramaphosa d’envoyer les soldats à la mort. Elle pointe les coupes budgétaires dans la défense et l’impréparation de cette mission. Depuis le retour de ces deux corps, plusieurs voix s’interrogent dans l’opposition sur la “réelle” motivation de Ramaphosa, qui a multiplié les rencontres avec son homologue congolais ces derniers temps. D’autres rappellent l’affaire des liasses de dollars cachées dans un divan de sa ferme baptisée Phala Phala. Une affaire rocambolesque qui a failli lui coûter la présidence… et qui illustre, selon ces critiques, le goût de l’argent de Ramaphosa…
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