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RUSSIE – UKRAINE : « Le scénario idéal est d’annoncer la fin de l’opération militaire spéciale .

« Le scénario idéal est d’annoncer la fin de l’opération militaire spéciale » : ce qui se cache derrière le message du patron de Wagner. 7Sur7

AFP / AP / Joel Hoylaerts / Photo News

« Le scénario idéal est d’annoncer la fin de l’opération militaire spéciale ». Cette phrase issue d’un message Telegram du patron de Wagner, Yevgeny Prigozhin, relève l’intérêt de la presse internationale depuis samedi et suscite l’interrogation. Appelle-t-il vraiment à stopper la guerre en Ukraine ? Qu’en pense Vladimir Poutine ? « Je ne serais pas surpris qu’il ait avancé cela avec la bénédiction du Kremlin », analyse l’ancien colonel Roger Housen.

Dans un long texte publié sur le service de messagerie Telegram, Evgeniy Prigozhin appelle à la fin de la guerre en Ukraine et annonce que les objectifs de l’ « opération militaire spéciale » menée dans le pays ont été atteints.

Le patron de Wagner appelle Moscou à mettre fin à la guerre en Ukraine : « Nos objectifs ont été atteints »

Suffisant pour bientôt voir Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky réunis à la table des négociations ? Pas tout à fait, estime l’ancien colonel Roger Housen. « J’ai lu le message de Prigozhin qui comporte plusieurs pages. Il écrit qu’il est préférable d’arrêter la guerre, certes, mais à aucun moment, il n’évoque un cessez-le-feu. Les négociations, il les rejette explicitement ».

Ce message ? D’abord de l’opportunisme

Son message implique autre chose, selon l’ancien colonel. Prigozhin écrit : « Chers partisans, chers Russes, nous avons atteint le point où une grande partie de la population ukrainienne masculine a été éliminée ou a fui à l’étranger. Nous avons installé un corridor terrestre de la Crimée à la mer d’Azov. Nous avons paralysé l’Ukraine sur le plan économique, le pays ne pouvant survivre que grâce à la perfusion financière de l’Occident. En résumé, chers Russes, nous avons obtenu tout ce que nous voulions. Désormais, consolidons cela ».

Dans ce message, le mot « consolidation » semble s’apparenter à « statu quo ». Prigozhin ne veut pas mettre fin à la guerre, il souhaite préserver la situation actuelle. Pourquoi ? « D’abord, par opportunisme », explique Roger Housen. D’octobre à janvier de l’année dernière, Sergei Surovikin était à la tête de l’armée russe. Prigozhin entretenait d’excellents rapports avec lui.

Le patron de Wagner a obtenu tout ce qu’il désirait : soutien aérien, artillerie... Mais au début de l’année, Surovikin a été limogé par Poutine. Selon le président russe, il se montrait trop défensif dans le conflit. Une position antagoniste à l’envie du Kremlin qui prône l’action. Le traitement de faveur accordé à Wagner a pris fin avec la nomination de Valery Gerasimov. Depuis lors, Prigozhin est coincé. Pourquoi faire la guerre, s’il ne peut plus récolter l’honneur et les lauriers ? »

Le message de Prigozhin convient très bien au Kremlin

D’autre part, « le Kremlin est arrivé à la conclusion que la stratégie offensive est un échec. Après trois mois de combats acharnés, la Russie a perdu la plupart de ses soldats et n’a pratiquement pas gagné de terrain. Moscou reconnaît que la stratégie défensive de Surovikin était la bonne. D’autant plus que les véhicules blindés, la défense antiaérienne, les munitions... de l’Ouest sont sur le point d’arriver et que l’Ukraine menace de riposter. Les Russes doivent pouvoir disposer de bonnes positions défensives pour maintenir les quatre provinces conquises, c’est essentiel pour eux. Le message de Prigozhin ‘nous avons déjà conquis de grandes parties, maintenant défendons surtout ce que nous avons’ convient très bien au Kremlin »

L’ancien colonel n’exclut pas que cette démarche de Prigozhin ait été concertée avec l’entourage proche de Poutine. « Je songe par exemple à son conseiller à la sécurité Nikolaï Patroeshev », confie Roger Housen. « Oui Prigozhin, tu peux envoyer ce message dans le monde ».

« La Russie pourra alors faire face à la contre-offensive ukrainienne au printemps, resserrer un peu le nombre de mobilisés, puis éventuellement repartir à l’assaut à l’automne avec de nouveaux conscrits. Non, la guerre n’est certainement pas terminée et Evgeniy Prigozhin le sait aussi ».

Auteur: MANZI
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