Ministre Nikos Dendias : Les pays devraient suivre l’exemple du Rwanda, admettre les « chapitres sombres » de leur passé
Votre Excellence, C’est un grand plaisir de vous accueillir aujourd’hui à Athènes pour une visite historique.
Il s’agit de la première visite d’un ministre rwandais des Affaires étrangères en Grèce et elle fait suite à ma propre visite à Kigali en novembre dernier.
Votre visite est une démonstration concrète de l’intensification des contacts de l’Union européenne, de la Grèce avec l’Afrique sub-saharienne.
Ces derniers temps, comme vous le savez, je me suis rendu dans six autres pays africains, après le Rwanda, car l’Afrique se développe rapidement.
Elle connaît une croissance rapide, tant sur le plan économique qu’en termes de population. Il y a des économies importantes, et une main-d’œuvre extrêmement talentueuse et jeune.
C’est une région pleine de dynamisme, mais aussi pleine de problèmes. Une région avec laquelle la Grèce et l’Union européenne souhaitent forger des liens très forts.
Comme je l’ai dit, mon cher Vincent, le premier pays que j’ai visité est le Rwanda car c’est un exemple de réussite. C’est un exemple auquel le gouvernement grec, le gouvernement Mitsotakis, attache une grande importance. Vous êtes devenus un pilier de stabilité et un pilier de sécurité dans votre région au sens large, et vous contribuez à la résolution des problèmes et à l’intégration économique régionale. Vous, le Rwanda, jouez également un rôle important dans les organisations internationales.
Nous avons discuté, et nous continuerons pendant le déjeuner de travail, des perspectives de développement des relations bilatérales, qui prennent un nouvel élan après les deux protocoles d’accord que nous avons signés à Kigali et les deux importants protocoles d’accord sur la coopération dans le domaine du sport et de la culture qui ont été signés il y a peu, et je voudrais remercier la ministre de la Culture, Mme Lina Mendoni, qui est avec nous aujourd’hui et qui a signé ces protocoles d’accord.
Ces protocoles d’accord ne sont pas distincts des initiatives de promotion plus générales que nous avons entreprises dans le cadre des Nations unies : Promouvoir les droits de l’homme, promouvoir le sport, promouvoir l’idéal olympique. C’est un sujet que le ministère grec de la culture et Mme Mendoni ont placé très haut dans leurs priorités.
Nous oeuvrons également en vue de signer d’autres accords dans d’autres domaines, tels que le tourisme, que nous pourrons signer, je pense, lors de notre prochaine réunion, ainsi que le « Protocole d’accord de non double imposition », qui constitue le cadre nécessaire à nos investissements mutuels.
Nos discussions ont porté, et porteront encore pendant le déjeuner, sur diverses questions internationales et régionales. Nous avons discuté des relations entre l’Union européenne et l’Afrique, des principaux défis en matière de sécurité et de stabilité auxquels sont confrontés l’Afrique subsaharienne et le Sahel, et j’ai exprimé mon appréciation du rôle constructif du Rwanda dans les efforts visant à consolider la paix et la stabilité en Afrique subsaharienne.
Je dois noter que le Rwanda est le quatrième pays à fournir des forces de maintien de la paix dans le cadre des Nations unies, le quatrième pays au monde.
Nos deux pays, nos deux démocraties, partagent le même attachement aux principes du règlement pacifique des différends sur la base du droit international. Nous rejetons tous deux la menace de recours ou le recours à la violence et nous pensons que les traités doivent être respectés, que le révisionnisme n’a pas sa place au XXIe siècle.
Et je dois mentionner ici le fait que le Rwanda est devenu un modèle mondial de réconciliation nationale.
Le mémorial du génocide à Kigali, que j’ai eu l’honneur de visiter en novembre lors de ma visite dans le pays, est un monument de classe mondiale. Un monument dans lequel sont enterrés des milliers de victimes du génocide qui a coûté la vie à au moins 800 000 hommes, femmes et enfants.
Toutefois, le Rwanda a réussi, grâce au processus de justice et de réconciliation et, surtout, à la reconnaissance des atrocités commises, à donner l’exemple en matière de traitement des crimes de génocide.
En l’espace d’une génération, en un temps très court, le Président Kagame a réussi à unir le pays après une expérience aussi traumatisante, tout en gardant la mémoire vivante afin que de telles atrocités ne se reproduisent plus à l’avenir.
Mon cher Vincent, votre visite aujourd’hui intervient juste un jour après la journée de commémoration du génocide pontique. En ce jour, nous commémorons la mémoire des plus de 350 000 Grecs du Pont, qui, il y a 103 ans, ont été massacrés ou déplacés par les autorités ottomanes.
Et nous aimerions que d’autres États de notre région élargie suivent votre brillant exemple, l’exemple du Rwanda et qu’ils reconnaissent les pages sombres de l’histoire, se réconcilient avec le passé et présentent des excuses aux familles des victimes des atrocités.
Mon cher Vincent, je voudrais une fois de plus vous souhaiter la bienvenue à l’occasion de votre première visite – qui ne sera pas la dernière, j’en suis sûr - à Athènes. Je vous en remercie. Permettez-moi de dire qu’au nom de la Présidente de la République hellénique, j’aurais le grand plaisir d’inviter le président Kagame à se rendre à Athènes et en Grèce.
Permettez-moi de dire que je me réjouis de notre coopération, non seulement au niveau bilatéral, mais aussi au niveau du Conseil des ministres de l’Union européenne, où il serait particulièrement intéressant que vous expliquiez vous-mêmes, et non par mon intermédiaire, les problèmes de sécurité auxquels est confrontée la région plus élargie de l’Afrique centrale et subsaharienne.
Et je tiens à vous remercier encore une fois pour votre présence ici aujourd’hui.
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