Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Pendant des années, en matière de respect des engagements budgétaires, la RDC semblait préférer la méthode Coué aux alertes de la société civile et des bailleurs internationaux. Scrutant les écarts entre les dépenses exécutées et les autorisations de décaissement accordées, la Cour des comptes pointait, pour l’exercice 2018, des dépassements d’environ 2 milliards de dollars, soit 42 % du budget annuel. Regardant de plus près certains démembrements de la pyramide publique, elle notait, en 2020, un écart estimé à 961 % des crédits, rien que par le ministère des Mines.
En juillet dernier, c’est l’Observatoire de la dépense publique (Odep) qui s’inquiétait de la non-conformité des réalisations budgétaires avec les prévisions, théoriquement contraignantes, et se préoccupait notamment du paiement jugé irrégulier, en six mois, d’environ 50 millions de dollars américains en faveur de la dette commerciale.
Suspicions de gabegie financière
Quelques mois plus tôt, l’ONG spécialisée dans les finances de l’État avait appelé au « patrouillage » des institutions budgétivores, rappelant que le flou en matière de reddition des comptes publics laissait planer des suspicions de gabegie financière, notamment à la présidence de la République. Et que la consommation d’un budget supérieur à celui qui avait été attribué devait faire l’objet, a minima, d’une régularisation.
À sept semaines seulement du début de 2023, c’est le gouvernement lui-même qui a évoqué « une situation préoccupante ». Rien que pour janvier, il reconnaît avoir dépensé plus de 750 millions de dollars, alors que les recettes mobilisées n’étaient que de 520 millions. Concrètement, la somme manquante aurait été piochée dans les obligations du Trésor et les appuis budgétaires des bailleurs.
Les causes ? Le ministre des Finances accuse les dépenses sécuritaires, les départs à la retraite et le fonctionnement des institutions. Les solutions ? Le même homme recommande la suspension des paiements de la dette intérieure, la réduction du seuil des paiements en cash et le ralentissement des dépenses « non contraignantes » pour le fonctionnement des institutions.
La tentation de la planche à billets
Certes, tout semble prioritaire dans cette RDC qui tente à la fois de résoudre les problèmes d’insécurité dans l’est de son territoire et de tenir le calendrier des scrutins de décembre. Aucune de ces difficultés ne semble toutefois avoir été impossible à prévoir, au moment de l’élaboration du budget 2023.
Si les tribunaux ne se saisissaient pas des fautes de gestion en matière budgétaire, les observateurs craignent que les dirigeants se laissent tenter par l’usage de la planche à billets, mirage s’il en est, notamment dans le contexte actuel d’inflation généralisée. La RDC va-t-elle encore finir l’année dans le rouge ?
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