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RDC : Des discriminations ethniques dans l’enrôlement des électeurs à l’Est

Human Rigths Watch (HWR) dénonce « le ciblage ethnique » dont ont » dont ont été victimes les Banyamulenge pendant les opérations d’enregistrement des électeurs pour le scrutin présidentiel de décembre. Par Christophe Rigaud

Opération d’enregistrement d’un électeur par la CENI début 2023 © CENI RDC

Human Rigths Watch a recueilli de nombreux témoignages de violences à l’encontre des communautés Tutsi, que beaucoup considèrent comme des partisans de la rébellion du M23.

La Commission électorale congolaise (CENI) a clôturé l’enrôlement des électeurs en vue des élections de décembre prochain. Un peu plus de 47 millions d’électeurs ont été enregistrés. Mais ces opérations organisées par la centrale électorale se sont déroulées dans des conditions particulièrement tendues au Sud-Kivu. Selon Human Rights Watch « à Goma, Bukavu, Nyagenzi et Uvira, dans l’Est du Congo, des groupes de jeunes ont menacé et passé à tabac des Banyamulenge – des Tutsi congolais de la province du Sud-Kivu – et leur ont temporairement refusé l’accès aux centres d’enrôlement en raison de leur ethnicité ».

« Les Banyamulenge ne vont pas se faire enrôler »

Les témoignages recueillis par l’ONG font état d’intimidations et de violences, notamment menées par des Wazalendo, des jeunes organisés en milice d’autodéfense. Le 17 février, un homme, membre de la communauté Banyamulenge, a été passé à tabac par des Wazalendo : « Ils m’ont blessé aux bras, frappé avec des clous. Ils nous ont dit : ‘‘Les Banyamulenge sont des Rwandais, ils ne vont pas se faire enrôler’’ ». L’intervention de la police a finalement permis à cet homme de se faire enregistrer par la Commission électorale.

Autre exemple : « un membre du personnel de l’université de Nyagenzi a déclaré être rentré chez lui après que les Wazalendo lui ont jeté des pierres alors qu’il allait s’inscrire. Il s’est finalement enrôlé après l’arrivée de la police, quatre jours plus tard » relève l’enquête menée par Human Rights Watch.

L’enjeu de la nationalité congolaise

La résurgence de la rébellion du M23, fin 2021, et le retour de la guerre au Nord-Kivu a réactivé les discours de haine, les dérapages et les violences contre les communautés rwandophones, accusées de soutenir les rebelles. Human Rights Watch note que depuis la réactivation du conflit, les deux parties « font de plus en plus appel aux loyautés ethniques ».

Les périodes pré-électorales étant particulièrement tendues en République démocratique du Congo (RDC), la guerre à l’Est avec le M23 a d’autant plus crispé les communautés vivant à l’Est. Car derrière les opérations d’enrôlement des électeurs, qui se révèlent indispensables pour pouvoir participer au scrutin, se cache l’enjeu de la nationalité congolaise.

« Garantir des élections sans crainte de discrimination »

En l’absence de recensement de la population depuis 1984, la carte d’électeur constitue la seule pièce d’identité officielle utilisée en RDC. « Les attaques contre les Banyamulenge et les Tutsis risquent d’interférer avec d’autres processus nationaux, dont le recensement de la population et le processus d’identification, tous deux attendus depuis longtemps » prévient Human Rights Watch.

L’ONG tire la sonnette d’alarme et demande aux autorités congolaises de « garantir la tenue d’élections inclusives, sans crainte de discrimination ou d’intimidation fondées sur l’appartenance ethnique ». Les discours de haine motivés par l’appartenance ethnique sont censés être punis par la loi. Mais la justice étant largement défaillante au Congo, l’impunité règne en la matière… et la discrimination et la violence continuent.

Auteur: MANZI
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