La dernière édition des Cahiers économiques du Rwanda, qui paraît aujourd’hui, prévoit un fléchissement de la croissance du pays en 2022, après la reprise vigoureuse enregistrée l’année dernière. En cause notamment, les effets de la guerre en Ukraine et la menace que continue de faire peser la pandémie de COVID-19 sur les grandes économies.
Selon le 19e numéro de cette publication, disponible en anglais sous le titre Boosting Exports Through Technology, Innovation and Trade in Services, la croissance du PIB rwandais n’atteindra que 6 % en 2022, contre un taux de 11 % en 2021. L’inflation continue de monter, la hausse des cours internationaux des produits de base et la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales ayant entraîné une augmentation importante des prix de l’énergie, des transports et des denrées alimentaires.
« La montée de l’inflation au Rwanda, alors même que l’emploi n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie, risque de réduire à néant des progrès durement acquis sur le front de la réduction de la pauvreté et du développement du capital humain. Il est essentiel que les pouvoirs publics poursuivent leurs actions pour protéger les plus vulnérables, en s’appuyant sur le système de filets sociaux du pays », souligne Rolande Pryce, chef-pays de la Banque mondiale pour le Rwanda.
Dans un dossier spécial consacré aux échanges commerciaux, le rapport se penche sur des résultats du Rwanda en matière d’exportations. Il en ressort que les entreprises rwandaises ont vu leur participation au commerce international augmenter au cours de la dernière décennie (en particulier dans le secteur des services), pour atteindre des niveaux supérieurs à ceux des autres entreprises de la région et du continent.
Parmi les principaux facteurs qui déterminent les performances commerciales, le rapport met notamment l’accent sur l’obtention d’une certification à une norme de qualité internationale, telle que celles produites par l’Organisation internationale de normalisation (ISO).
Ces certifications sont un sésame qui facilite l’ouverture des entreprises à l’international : les entreprises certifiées ISO ont 36 % plus de chances d’exporter que celles qui ne le sont pas. Or, cet aspect reste un frein majeur pour le Rwanda, où seules 3 % des entreprises avaient obtenu une certification ISO en 2019.
Le rapport met également en évidence une corrélation importante entre passage au commerce en ligne et participation aux échanges internationaux, en soulignant les avancées limitées des firmes rwandaises dans ce domaine.
« Compte tenu du lien étroit entre commerce électronique et export, et sachant que les entreprises du Rwanda mettent systématiquement en avant le manque d’informations sur les marchés étrangers, il apparaît important d’investir dans les infrastructures internet pour garantir aux entreprises isolées, tant en milieu rural que dans les zones urbaines sous-développées, un moyen d’accès à bas prix aux marchés et aux clients, et étendre ainsi la participation des entreprises locales au commerce international », explique Calvin Djiofack, économiste senior à la Banque mondiale.
Le rapport rappelle que le Rwanda a largement misé sur le développement des services pour accroître l’emploi, les revenus et les recettes d’exportation. Le pays est toutefois confronté à un déficit de compétences qui, s’il n’est pas comblé, limitera la croissance des exportations de services hautement qualifiés.
Afin d’y remédier à court terme, le rapport préconise notamment de pallier la pénurie de compétences en reconnaissant les qualifications des professionnels de la région et en les dispensant de l’obligation de permis de travail.
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