L’ancien premier ministre burundais serait probablement en fuite, ont indiqué ce lundi des sources concordantes. Alain Guillaume Bunyoni se serait dirigé en Tanzanie voisine. Deux colonels de police ont été arrêtés et interrogés par les renseignements.
Considéré comme le véritable numéro deux du régime depuis la crise politique de 2015 et le chef de file des durs parmi les généraux qui œuvrent dans les coulisses du pouvoir, Alain Guillaume Bunyoni aurait fui le pays, après avoir appris qu’il fait l’objet d’un plan d’arrestation.
D’après des sources proches de l’ancien premier ministre, « il y a eu une réunion en province de Cibitoke (nord-ouest). Elle préparait l’arrestation de Bunyoni mais l’information a fuité. C’est après cela qu’il a pris la décision de fuir le pays ».
« Nous ne sommes pas sûrs du chemin qu’il a pris, mais il était à Rutana pour la dernière fois », indiquent des sources policières qui ont témoigné sous couvert d’anonymat.
Des anciens membres de sa garde confirment les faits. Ils disent que leur ancien patron se serait dirigé vers la Tanzanie.
« Cela fait quelques jours que nous ne voyons plus nos anciens chauffeurs qui auraient aussi traversé la frontière avec Bunyoni », affirment-ils.
L’ancien Premier ministre « a été prévenu à l’avance que l’étau allait se resserrer sur lui, il a disparu dans la nature avant l’arrivée des forces de l’ordre » , a confirmé à l’AFP un haut gradé de l’armée burundaise, qui a requis l’anonymat.
Cette même source a affirmé qu’un haut gradé de la police, soupçonné d’avoir averti M. Bunyoni des perquisitions à venir, a été arrêté.
Deux colonels de police à savoir Désiré Uwamahoro, commandant de la Brigade anti- émeute (BAE) et Alfred Innocent Museremu, responsable des renseignements extérieurs jusqu’à ce lundi ont été en effet arrêtés et interrogés par les renseignements. Le second a été libéré. Il a été remplacé lundi par le colonel Pierre Claver Nzisabira jusque-là secrétaire permanent du conseil national de sécurité.
Ce lundi, deux résidences de l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni ont été visées par une fouille policière et des renseignements dans la ville commerciale Bujumbura et dans la province de Rutana au sud-est, une entité dont ses parents sont originaires et frontalière avec la Tanzanie.
« Il y a eu une perquisition » à plusieurs domiciles appartenant à Alain-Guillaume Bunyoni lundi, mais les autorités ne l’ont pas trouvé » , a déclaré lors d’une conférence de presse le ministre de l’Intérieur Martin Niteretse, qui a assuré ne pas connaître les raisons de ces perquisitions. « Nous attendons car ils continuent de le rechercher » , a-t-il poursuivi.
Premier ministre depuis juin 2020, le très influent Alain-Guillaume Bunyoni a été démis de ses fonctions le 7 septembre 2022, par le président Evariste Ndayishimiye et remplacé par le ministre de l’Intérieur Gervais Ndirakobuca.
Cinq jours plus tôt, le chef de l’Etat avait dénoncé dans un discours des velléités de « coup d’Etat » de la part de ceux qui se croient » tout-puissants » et tentent de « saboter » son action.
Depuis la fin d’une guerre civile qui a ravagé le pays entre 1993 et 2006 et fait 300.000 morts, le pays est tenu d’une main de fer par le régime, grâce aux Imbonerakure, la ligue de jeunesse du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, et au Service national du renseignement.
Si la communauté internationale a salué une certaine ouverture du pays depuis l’arrivée au pouvoir d’Evariste Ndayishimiye en juin 2020 après la mort soudaine de Pierre Nkurunziza, une commission d’enquête de l’ONU affirmait en septembre 2021 que la situation des droits de l’Homme restait « désastreuse » au Burundi.
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