Le procès de Philippe Hategekimana, se poursuit devant la cour d’assise de paris. Cet ancien gendarme rwandais naturalisé français en 2005, est s’est renommé Manier pour camoufler sa vraie identité, est accusé de génocide contre les Tutsi et crimes contre l’humanité.
Cet ex-adjudant-chef de la gendarmerie de Nyanza, dans la préfecture de Butare au sud du Rwanda est poursuivi pour génocide et crimes contre l’humanité, des accusations qu’il conteste. En cette fin de 5ᵉ semaine d’audiences, la cour s’intéresse désormais au massacre de la colline de Nyamure qui a fait plusieurs milliers de morts le 27 avril 1994. Elle a notamment entendu Valens, 57 ans aujourd’hui. Ce rescapé et partie civile était à l’époque agriculteur et vendeur de vêtements. Il est venu livrer à la barre son récit de la tuerie.
D’une voix posée, Valens raconte le massacre qui a couté la vie à sa mère, ses six frères et sœurs et à une douzaine d’autres de ses proches. « Je suis le seul survivant, c’est une blessure au cœur qui ne va jamais guérir » confie-t-il. Au moins « 11 000 personnes » sont mortes ce jour-là selon Valens, il le sait dit-il, car après le génocide, il a aidé à inhumer les corps. « Nous comptions les cranes, mais il y en avait que les chiens avaient emportés, donc les victimes sont sans doute plus nombreuses encore » souffle-t-il.
Avant la tuerie, les Tutsis réfugiés sur la colline étaient parvenus à repousser des attaques lancées par des civils en armes traditionnelles. Mais ce 27 avril, explique Valens, des gendarmes policiers et militaires arrivent en renforts de la population, la colline est encerclée : « ils progressaient côte à côte, comme un mur érigé devant nous, nous ne voyions pas où lancer des pierres, où fuir à travers cette ligne ».
Un gendarme s’avance alors et tire sur un groupe de femmes qui en entoure une autre en train d’accoucher. Un premier tir qui agit comme signal de départ du massacre affirme Valens. Or ce gendarme, « je l’avais déjà vu à plusieurs reprises, et ce n’est autre que l’accusé » soutient le rescapé.
À la demande du président, victime et accusé se font face. Philippe Manier, impassible, ôte ses lunettes. Valens prend son temps puis assure : « aujourd’hui il a un peu vieilli, mais c’était ce visage-là ». « Je ne connais pas du tout cet homme » contre pour sa part l’accusé, qui ajoute dans un étrange rictus « et lui aussi sait que je ne le connais pas ».
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