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GENOCIDE CONTRE LES TUTSI : Procès de Philippe Hategekimana, les plaidoiries des parties .

Philippe Hategekimana nommé Manier, ex-adjudant-chef de la gendarmerie de Nyanza, au Rwanda est poursuivi devant la cour d’assises de Paris pour « génocide contre les Tutsi » et « crimes contre l’humanité », commis dans plusieurs massacres fin avril 1994. Par Laura Martel

Les portraits de nombreuses victimes du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, exposés au Centre commémoratif de Kigali, le 5 avril 2019 (image d’illustration). AP - Ben Curtis

Ce vendredi 23 juin était dédié aux plaidoiries des parties civiles dans le procès de Philippe Manier. La cour a notamment entendu maître Domitille Philippart au nom du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) fondé par Dafroza et Alain Gauthier, qui sont à l’origine de la plainte ayant mené à ce procès ; Dafroza Gauthier, quant à elle, représente également 55 rescapés et proches de victimes.

« L’engagement d’une vie »

Le CPCR, c’est « l’engagement d’une vie » pour les Gauthier. « Pendant des années, ils ont parcouru les collines du Rwanda à la recherche de témoignages et d’éléments pour étayer leur plainte », commence Me Philippart ; « un travail nécessaire », souligne-t-elle, puisqu’avant 2012 et la création du pôle crime contre l’humanité, il fallait une telle plainte pour qu’une enquête soit ouverte et qu’ « aujourd’hui encore, le collectif a ce rôle d’allumer la mèche », dit-elle.

Et l’avocate de fustiger la défense pour avoir critiqué cette démarche proactive, comme pour avoir voulu « décrédibiliser systématiquement » les victimes et témoins. « J’avais parlé dès l’ouverture de la petite musique des faux témoins, manipulés ou vengeurs ». Cette « stratégie de défense » qui veut « faire des victimes les persécuteurs », on l’entend « dans tous les procès » du génocide dénonce encore Me Philippart.


« Il avait pouvoir de vie ou de mort »

Pour elle, les débats ont montré que Philippe Manier a - non seulement - participé aux massacres mais en tant qu’adjudant-chef de la gendarmerie, il a « incité » la population aux tueries, donnant souvent lui-même l’exemple. « Ses ordres étaient respectés », « il avait pouvoir de vie ou de mort », pointe-elle. Dans le box, Philippe Manier reste impassible.

« Jamais on n’a vu d’accusé aussi absent de son procès, incapable de montrer son humanité. On a eu des témoignages atroces, il n’a pas levé un sourcil », assène l’avocate. Une « attitude effrayante » et « une stratégie de défense » dit-elle, qui sonnent « comme un aveu ».

Auteur: MANZI
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