Capture d’écran de la vidéo du journal « Le Temps » montrant Vidiye Tshimanga. © YouTube / Le Temps
Une vidéo, tournée en caméra cachée révélée par une enquête du journal suisse Le Temps, et un consortium de journalistes, OCCRP spécialisé dans la lutte contre la corruption, dans laquelle ce proche du pouvoir déclare être en mesure faciliter l’accès aux mines de son pays. Des accusations nié par Vidiye Tshimanga qui a remis sa démission à la présidence.
Les journalistes de OCCRP et du Temps sont partis de cette vidéo pour leur enquête. Elle comporte plusieurs extraits de différents entretiens, en visioconférences et en présentiels, que Vidiye Tshimanga aurait eu avec des personnes qui se sont présentées comme des « investisseurs ».
Dans ces extraits, le conseiller du président explique le rôle qu’il tient aujourd’hui auprès de Félix Tshisekedi et dit clairement à ses interlocuteurs qu’il peut les aider à obtenir des contrats miniers. Il met en avant sa proximité avec le chef de l’État, déclare avoir financé sa campagne présidentielle. Il dit aussi que s’ils font affaire ensemble, il va « gagner de l’argent » et qu’ils vont partager les parts de la société qu’ils vont monter ensemble.
Il évoque, en exemple, un précédent montage financier avec une entité baptisée Ivanhoe. Une société avec laquelle aurait fait affaire et dans laquelle il aurait obtenu 20% des parts. C’est le chiffre qui marque : 20% de commission pour obtenir des contrats miniers en RDC.
La défense du conseiller
L’article du Temps donne la parole à Vidiye Tshimanga qui se défend de ces accusations. C’est comme ça que les auteurs de l’enquête ont pu authentifier ces vidéos. Ils ont rencontré Vidiye Tshimanga qui leur a confirmé avoir bien eu ces discussions, mais rejette les accusations.
Aux auteurs de l’enquête, il a donné trois explications : que ces rendez-vous étaient dans un cadre privé, que l’enregistrement n’était pas fiable et finalement, qu’il savait que c’était un piège. Vidiye Tshimanga affirme qu’il a voulu retourner ce piège contre ses auteurs. Selon l’un des journalistes contactés, le conseiller a mis en avant d’autres enregistrements de ces rendez-vous, mais il n’a pas souhaité leur faire écouter en intégralité.
Dans l’après-midi ce vendredi, Vidiye Tshimanga a publié un communiqué annonçant sa démission de ses fonctions de conseiller « afin de faire toute la lumière sur les commanditaires de ce montage grossier… La blessure étant malheureusement trop ouverte à ce stade, la présente me parait être la seule décision de dignité à prendre. »
Un piège
Une affaire qui après la parution de cette enquête converse encore des zones d’ombre. Premièrement, on ne sait pas qui sont ces mystérieux investisseurs. Il y a un doute sur leurs identités, les journalistes n’ont pas pu remonter jusqu’à eux et la société dont ils se revendiquent existe, mais nie toute opération avec le Congo.
Enfin, les auteurs de l’article évoquent eux-mêmes une certaine prudence. Pour eux, le conseiller du président a clairement été piégé. Par qui ? C’est toute la question. Ils disent poursuivre leur enquête dans ce sens pour tenter de comprendre d’où vient cette vidéo et pourquoi elle leur a été communiquée.
Ce vendredi matin, la présidence congolaise a publié un communiqué. Sans citer le nom du conseiller Vidiye Tshimanga. Cette déclaration assure que « toute personne, y compris au sein du cabinet du Président de la République, dont le comportement avéré aura enfreint la loi, la déontologie de sa fonction ou le règlement d’ordre intérieur du cabinet, subira la rigueur de leurs effets ».
On a reçu cette vidéo à travers un intermédiaire qui prétendait vouloir nettoyer le Congo et être une sorte de chevalier blanc.
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