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RDC : Faut-Il Parler Des FDLR A Chaque Fois Qu’on Evoque le M23 ? Oui, Jason Stearns .

Marc Hoogsteyns, de Kivu Press Agency, dans cet article, réagit à un écrit de Jason en clarifiant la différence entre les FDLR, groupe terroriste d’origine génocidaire et le M-23, mouvement congolais qui lutte pour le retour et la réhabilitation des refugiés dans leurs droits et biens.

Je suis d’accord avec toi que Blinken a fait une faute en faisant une équivalence entre le M-23 et les FDLR et je crois qu’il l’a fait pour simplifier ce conflit qui devient très difficile à comprendre pour le monde extérieur. En mettant tous les protagonistes dans le même sac et en les accusant des mêmes crimes ça devient plus facile pour l’arbitrage. Pour beaucoup de gens que je parle avec ici (au Rwanda, dans les Kivus et au Burundi) cette équivalence est injustifiable par ce que les FDLR sont un groupe terroriste et les M-23 un groupe de rebelles qui étaient chasses du pays en 2013 qui avaient reçus des garantis qu’ils pourraient se réintégrer dans les forces Congolaises et que leurs familles pourraient retourner au pays et récupérer leurs terrains et leurs maisons.

Salut, Jason ! Je viens de lire avec beaucoup d’intérêt cet article que tu viens de publier sur ton blog et je dois dire que, cette fois, je suis vraiment déçu de ton travail. J’espère que tu me le prendras pas mal que je te réponds. La situation sur le terrain est beaucoup plus complexe, tu prends des raccourcis dans ton analyse et tu minimises certaines réalités. Mais la plus grand reproche que je peux te faire est de négliger complètement le point de vue Rwandais et celui du M-23.

Je suis d’accord avec toi que Blinken a fait une faute en faisant une équivalence entre le M-23 et les FDLR et je crois qu’il l’a fait pour simplifier ce conflit qui devient très difficile à comprendre pour le monde extérieur. En mettant tous les protagonistes dans le même sac et en les accusant des mêmes crimes ça devient plus facile pour l’arbitrage. Pour beaucoup de gens que je parle avec ici (au Rwanda, dans les Kivus et au Burundi) cette équivalence est injustifiable par ce que les FDLR sont un groupe terroriste et les M-23 un groupe de rebelles qui étaient chasses du pays en 2013 qui avaient reçus des garantis qu’ils pourraient se réintégrer dans les forces Congolaises et que leurs familles pourraient retourner au pays et récupérer leurs terrains et leurs maisons. Ce deal n’avait jamais été respecté, les soldats M-23 étaient laissées a leur sort dans un camp de refugies en Uganda et leur familles étaient obliges de rester dans des camps de refugies aussi. La communauté internationale en a profité (via OIM) pour expédier le plus de Bagogwe (Tutsis du Nord-Kivu) que possible a l’étranger. Le drainage des Bagogwe du sol Congolais était tellement massif que d’une communauté de plus de 200.000 mille en 1994 juste 10.000 restent sur place aujourd’hui. Ceux qui restaient étaient attaques par les Interahamwe ou par des groups Mayi Mayi.


Les M-23 ont quitté leur camp en Uganda il y 5 ou 6 ans, bien avant les problèmes entre l’Uganda et le Rwanda et certainement pas sur commande de Kigali. Ils se sont installés dans un coin qui étaient quasiment inaccessible pour l’armée Congolaise sur les volcans. Ils voulaient juste mettre pression sur Kinshasa pour que le gouvernement respecte le deal qui avait été fait avant. Au début ils n’étaient presque pas actives et ce n’est que quand les Ugandais on commence a fournir des armes aux FDLR a travers des politiciens Congolais comme Eugene Serafuli et un ministre Hutu Ugandais, Philémon Mateke, que les M-23 ont commencé a être attaquées. Des dizaines des FDLR – surtout les FDLR modérées de Wilson Irategeka – étaient capables de rejoindre le milieu extrémiste Hutu au Burundi à travers l’Uganda. Dans le même dynamique la présence des M-23 était devenu une nuisance qui pourrait stopper une première vague d’infiltrants FDLR au Rwanda. Je peux aller encore plus loin dans cette analyse mais les M-23 n’étaient pas postés dans les volcans par les Rwandais et ils n’avaient pas d’autre choix que de se défendre. Cette petite nuance est négligée pas la plupart des groupes de droit de l’homme ou d’autres qui suivent l’actualité au Congo. Mais elle doit être soulignée et mis à cote d’autres points de vue. Le reste de l’histoire est claire : L’Uganda et le Rwanda reprennent le dialogue, l’Uganda stoppe son aide aux FDLR, etc. Les M-23 veulent juste que le deal du 2013 soit respectée mais est rapidement pointée du doigt d’être un groupe terroriste qui est supporte par un ‘diable’ encore plus grand : le Rwanda.

Tu as raison d’écrire que le Rwanda a soutenu à l’époque le CNDP de Laurent Nkunda aussi bien que les M-23 de Sultani Makenga avant 2013 mais le pays a arrêté de faire cela depuis. Quand on en parle avec de membres du gouvernement Rwandais ou avec des officiers du RDF on sent très bien qu’ils ont tire des leçons de ces histoires. C’est vrai aussi que les FDLR étaient réduits a un moment donné à quelques centaines éléments. Mais ton analyse manque la description de la vraie nature de ce groupe extrémiste qui peut être compare avec une bouteille qui est parfois presque vide et parfois presque plein car elle dépend d’autres qui peuvent l’alimenter ou vider. Apres que les M-23 s’étaient retires en Uganda en 2013 le Rwanda s’était abstint de fournir encore de l’aide a d’autres groupes et s’était engage à mettre en place une approche diplomatique qui favorisait le commerce entre les deux pays et le développement économique. Mais cela n’a pas pu empêcher que plein d’autres milices étaient mises en marche par des politiciens de Kinshasa, de Beni et de Butembo et de Goma. Il y a même des gens qui disent que la situation générale était devenue plus archaïque après le départ des M-23 de Goma. Apres avoir arrête de donner du support a Laurent Nkunda le gouvernement Congolais se mettait d’accord de mettre sur pied une opération militaire avec les Rwandais pour neutraliser les FDLR. Tu parles dans ton texte de l’opération Umuja Wetu qui aurait comme résultat une autre catastrophe humaine avec des milliers de réfugiés. Aucun analyste ne s’est donne la peine jusque maintenant de demander aux officiels à Kigali pourquoi cette opération (et encore quelques autres qui étaient similaires avaient foirées. La version de Kinshasa est toujours prise pour la vérité et contient l’argument que le RDF a eu la possibilité de neutraliser les FDLR plusieurs fois. L’explication que Kigali allait donner serait pourtant simple : c’était presque impossible de collaborer avec un FARDC qui était tellement mal formée, disciplinée et en pleine magouilles avec ces extrémistes Hutu. Chaque fois qu’une opération était planifiée les FDLR avaient des kilos de temps pour dégager car ils étaient chaque fois avertis bien avant par leurs amis dans les rangs des FARDC. Cela frustrait les officiers RDF big time. Apres le départ de Makenga et ses hommes de Goma en 2013 la promesse de chasser les M-23 était vite mis dans un tiroir pour attaquer les ADF-Nalu dans le grand nord. Pour Kigali ça devenait de plus en plus claire qu’ils pourraient juste se fier a leur propre force pour neutraliser la menace FDLR. Et croyez-nous ; l’armée Rwandaise était toujours très bien informée de ce qui se passait de l’autre cote de la frontière. La Monusco n’était pas en position non plus de corriger cette situation. Pour Kigali cette politique de Kinshasa devenait presque la preuve que les FDLR n’étaient presque pas ou juste un petit peut visées par les FARDC pour pouvoir servir comme contre poids contre les RDF en cas de nécessité. Dans ton article t’a aussi raté l’occasion de mentionner cela, Jason ! T’étais pourtant bien au courant de cette vérité.


Une autre faiblesse dans ton discours est le fait que tu n’as pas bien cadré le timing des évènements. L’acharnement contre les M-23 de la part de Kinshasa commençait a se manifester a une moment que le paysage politique autour de Tshisekedi était en train de tomber en ruines. Souvent les excuses sont construites pour pouvoir s’en servir et les politiciens Congolais maitrisent cet art comme des pros. Tshisekedi devait avouer qu’il ne maitrisait plus son armée qu’il comparait lui-même avec une bande de gangsters. Il était en train de mettre ses propres collaborateurs derrière les barreaux et il était en train de perdre face big time sur le plan international. Jouer au Calimero avec tous les arguments hypochondriaques qu’il pouvait ramasser étaient les seuls outils qu’ils lui restaient. Les M-23 avaient mis leurs doigts dans cette faiblesse et ils l’avaient obligé de se regarder dans le miroir. Ils ne devaient pas chercher longtemps pour dévier l’opinion publique de cette vérité : les M-23 représentaient une partie de la communauté Tutsi du Congo et ils étaient presque tous famille avec les Rwandais. Très vite il commençait a les appeler des terroristes et ils étaient vite écartes de toutes les discussions pour trouver une solution pour résoudre leurs problèmes. Convaincre les Congolais que le Rwanda était derrière leur actions était aussi très facile pour lui. Des politiciens comme Yerodia ou Laurent Kabila avaient déjà utilisé cette stratégie avec bravoure. T’aurais aussi pu souligner cela dans ton article, Jason !

Jason ! Tu dis noire sur blanc que le discours haineux au Congo est une reaction sur les actes du M-23. Ce que tu nous avance ici est un dérapage intellectuel direct. Surtout quand tu dis que les appels à la haine contre les Tutsis ‘sont venus en réponse aux actes des M-23, et non l’inverse. ‘ C’est vrai que cette campagne raciste et anti-Tutsi a donné un boost a la popularité des M-23 et ce n’est pas plus que normal Des centaines de jeunes se sont portes volontaire pour rejoindre leur rangs depuis pour defendre la cause et le gouvernement Rwandais a condamnée ces accusations avec fermeté. Mais ils ne sont pas venus juste récemment : la discrimination des Tutsis au Congo est une affaire de longue date qui a commencé à prendre forme a l’époque coloniale, sous le règne de Mobutu et qui a continue a être mal interprété sous les parapluies des deux Kabila. Dans d’autres articles que je lu de toi tu parlais des ‘magrevis’. Pourquoi alors utiliser ce raccourci trop facile qui peut permettre d’autres d’utiliser tes écrits pour stigmatiser toute une population qui consistait il y a 25 ans mais qui a été draine presque complétement du sol Congolais ? Ne pas admettre cela et pousser cet argument dans un coin est la source de tous les problèmes dans cette région.


En présentant les FDLR comme un groupe qui ne peut pas faire du mal au Rwanda tu fais une autre faute d’interprétation. Et cela montre aussi que tu n’as pas bien compris l’enjeu géopolitique et politique que le pays est en train de vivre déjà depuis 1994. Car beaucoup de choses qui se produisent aujourd’hui au Congo sont lies avec ce qui s’est passe avant, pendant et après le génocide contre les Tutsis de 1994 au Rwanda même et dans les pays voisins. Je vais essayer de rester bref dans mon argumentation.

C’est clair que le potentiel militaire des FDLR n’est pas comparables avec celui de l’armée Rwandaise. Cela n’a jamais été le cas. Mais ce groupe joue un rôle très important dans la structure générale du lobby extrémiste Hutu et il qui dirigé à partir de Bruxelles et de Paris. Depuis 1994, quand les FDLR s’appelaient encore Interahamwes, ce lobby a essaye de déstabiliser le Rwanda. La communauté internationale les avait hébergés dans des immenses camps de refugies à quelques kilomètres de la frontière Rwandais au Congo. Les ex-Far (soldats de Habyarimana) et les interahamwes avait pris tous leurs armes avec eux au Congo.

La première preuve que ces extrémistes avaient des plans pour déstabiliser le Rwanda devenaient visible en 1995 quand ils s’étaient appropries la petite ile de Iwawa dans le lac Kivu pour pouvoir infiltrer le Rwanda. Presque 400 extrémistes s’étaient entrances sur la petite isle quand l’armée Rwandaise organisait un assaut. Ils avaient des nouvelles armes. En même temps les interahamwe organisaient des raids sur les fermes des Tutsis a Masisi. Les ONG internationales et les Nations Unies qui étaient sur place fermaient leurs yeux pour tout cela. Quand Mobutu prenait la décision de renvoyer tout ces refugiées au Rwanda ses interahamwes développaient un plan pour se mélanger avec les civils et de les utiliser comme un bouclier humain pour provoquer un vrai massacre. L’idée derrière tout cela était la provocation pour pouvoir accuser le nouveau régime a Kigali des mêmes atrocités qu’eux-mêmes. A Kibeho et plus tard aussi a Tingi Tingi et a Lubutu, pendant la guerre de l’AFDL, cette stratégie avait bien marche et le lobby anti-Kigali était maintenant en mesure de les accuser. Mais Mobutu renonçait a son plan de renvoyer des refugies. Entretemps ce même lobby extrémiste changeait de nom plusieurs fois. En Europe ils pouvaient se réorganiser et se réorienter librement.

La deuxième menace des FDLR sur le Rwanda venait quelques années plus tard quand Laurent Kabila avait déjà repris le pouvoir. Il était tombe en désaccord avec les Rwandais et il commençait à rassembler une nouvelle armée autour de lui qui était compose surtout des extrémistes Hutu qui avaient fuis en Angola et a Congo-Brazzaville. Ils les ramenaient dans les Kivu’s d’où ils étaient capables d’organiser des incursions au Rwanda. Cela résultait dans une deuxième grande guerre au Congo. Et finalement aussi dans la naissance des groupes d’autodéfense Tutsi comme celui de Laurent Nkunda et de Sultani Makenga. C’est vrai aussi que les Rwandais ont fait des fautes au Congo et comme tu l’écris ce serait une faute de les accuser de tout ce qui se passe mal là-bas.

La menace contre le Rwanda n’a jamais cessé depuis cette période-là. Quand la relation entre l’Uganda et le Rwanda se déterrait de plus en plus et quand ça devenait claire que les Ugandais, eux aussi, collaborait avec les FDLR au Congo et avec les extrémistes Hutu Burundaises qui étaient au pouvoir à Bujumbura le Rwanda était quasiment encerclé. La stratégie des extrémistes Hutu n’avait pas changé. Ils voulaient provoquer le Rwanda dans un conflit ouvert et plus sanguinaire pour que la communauté internationale intervienne et obligerait le gouvernent Rwandais de parler avec l’opposition qui avait réussi entretemps de se cacher derrière un nouvel élan démocratique. Victoire Ingabire est un exemple très connu de cette stratégie ; elle dirigeait le lobby extrémiste Hutu pendant plusieurs années à partir de l’Europe. Pendant cette période elle envoyait de l’aide aux FDLR régulièrement. Quand elle rentrait au Rwanda elle était jetée en prison et malgré le fait qu’elle a été libérée elle continue à bombarder le régime en place avec des critiques. Elle est devenue le nouveau ‘darling’ de beaucoup d’européens qui ont du mal à bien comprendre le nouveau model ou la nouvelle approche du Président Kagame pour développer le pays. Le sort de Paul Rusesebagina peut aussi être classifie dans le même contexte : ce star Hollywoodien c’était fait convaincre de devenir le nouveau front man de l’opposition armée au Rwanda. Avec l’aide directe du gouvernement Burundais et presque tous les groupes d’opposition Rwandaises en Europe mais il n’est pas arrivé très loin non plus. Comme Ingabire ce héro d’Hôtel Rwanda se servait aussi des FDLR. Comme ça reste toujours le boulot des FDLR pour provoquer le régime en place à Kigali la neutralisation totale de cette organisation est devenue très important. Avancer l’argument que les FDLR sont trop petit pour déranger Kigali n’est donc pas correcte.


Tu conclus ton article avec la remarque que le Rwanda n’est pas de bonne foi pour résoudre les problèmes au Congo ! Je crois que tu te trompes car pour le gouvernement le développement du pays est plus important. Et pour cela un bon voisinage est nécessaire. Pour les Rwandais la plupart des politiciens Congolais – que ce soit Kabila ou Tshisekedi – ont perdu toute leur crédibilité. La sympathie de beaucoup de Rwandais est avec les M-23 car ils les considèrent comme leurs frères et leurs secours. Dans plusieurs cas cette comparaison n’ est même pas nécessaire. Et tu ne peux pas empêcher les Rwandais de se défendre en cas de besoin. C’est ton droit d’écrire ce que tu veux. Pendant des années tes analyses me servaient pour pouvoir entendre sonner d’autres cloches sur la réalité Congolaise. Mais maintenant il me semble que t’a eu une crevaison qui t ‘avais fait rater le virage….


Marc Hoogsteyns est caméraman et journaliste indépendant. Il fait aussi un travail documentaire dans la région des Grands Lacs africains. Il a travaillé en freelance pour plusieurs chaînes de télévision : VTM, VRT, KRO, NOS, RTL, TV Asahi, NHK, BBC, ABC-Australie, TF1, TV5, etc...Il a travaillé également pour des agences de presse telles que Reuters, WTN et travaillé pour plusieurs journaux belges tels que De Morgen, Het Belang van Limburg, etc....
Auteur: MANZI
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