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TRAFFIC HUMAIN : Témoignage d’une Burundaise, Exploitée en Arabie Saoudite

Le Burundi constitue un des points de départ du trafic de femmes vers les pays du Golfe persique pour y être exploitées par le travail ou la prostitution. Par DW

Une femme se tient assise par terre à côte d’un lit et cache son visage

Les ONG de défense des droits de l’homme dénoncent régulièrement l’esclavage moderne pratiqué dans les pays du Golfe

Au Burundi, les témoignages de femmes revenues des pays du Golfe sont rares car celles-ci ne parlent pas facilement de ce qu’elles ont subi. Dans le meilleur des cas, ces femmes travaillent comme domestiques dans des conditions très dures, dans le pire elles sont forcées à la prostitution.

Notre correspondant à Bujumbura Antéditeste Niragira a rencontré Martine Irambona. Son nom a été modifié pour sa sécurité.

Elle est rentrée d’Arabie Saoudite après y avoir travaillé comme domestique.

« Ce qui m’a mise en désaccord avec mon employeur, c’est qu’il voulait qu’on entretienne une relation amoureuse mais je m’y suis opposée. »

Jetée en prison

Martine Irambona a 41 ans, elle a travaillé en Arabie Saoudite en 2018, à Ryad.

Recrutée par un réseau local de trafiquants, elle faisait partie d’une équipe de 18 femmes qui ont quitté le Burundi. Le voyage a été difficile. Arrêtée deux fois et mise en prison, une fois au Burundi et une seconde fois au Kenya, elle et ses camarades ont dû payer 2.000 euros pour être libérées.

Ensuite, une fois arrivée à Ryad, le piège s’est refermé sur elle lorsque le mari de la famille dans laquelle elle travaillait a cherché à abuser d’elle.

Deux femmes tiennent des pancartes dénonçant la tragédie du trafic d’êtres humains


Au Nigeria aussi, les réseaux de trafic d’êtres humains sont très implantés

Obligée de travailler durant de longues heures à des tâches domestiques difficiles pour un salaire de misère, les choses se sont compliquées quand elle a voulu quitter son poste.

« Je faisais la lessive, je torchonnais et nettoyais les murs de la maison. Je lavais l’enfant, je la gardais et je devrais repasser les habits. Quand je m’y suis opposée, ils ont commencé à me maltraiter. Le salaire n’était pas conséquent. Ils ne supportaient pas les erreurs. En cas d’erreur, ils tombaient en colère à cause de l’argent qu’ils me payaient, soit 650 riyals saoudiens (près de 170 euros par mois). »

Menaces de mort et viols

Martine Irambona a quitté le Burundi après avoir été abandonné par son mari. Elle a donc dû trouver une solution pour élever ses cinq enfants. Elle raconte comment son employeur a abusé d’elle.

« Il voulait qu’on fasse l’amour. Je me suis catégoriquement opposée à sa demande. Il a menacé de me tuer. Il profitait de l’absence de sa femme pour me violer. Je criais, il m’a giflée et cognée contre les murs. A mon retour, j’étais devenue dingue. On m’a même dépouillée de tout l’argent que j’avais gagné et les habits que j’avais achetés. Je suis revenue les mains vides. Je regrette cette expérience. »

D’autres femmes ont été contraintes à rejoindre des réseaux de prostitution.

En 2016, la police burundaise avait reconnu l’existence de sociétés de recrutement impliquées dans le trafic de femmes. Celles-ci étaient légalement enregistrées par l’ancienne Agence de promotion des investissements avant d’être démantelées.

Auteur: MANZI
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